À un âge précoce, Vola est tombée dans les escaliers et est depuis devenue une femme à mobilité réduite. C’est difficile, mais elle a gagné sa vie en s’impliquant dans le domaine de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène. Avec une bonne volonté, de la confiance et de la détermination, tout est possible. 

« Ne pas devenir un fardeau pour la famille et la communauté. » Cette devise de l’Association des femmes handicapées de Madagascar (AFHAM) est l’objectif qui a inspiré Vola dans sa vie, depuis bien avant son intégration dans cette association. Dès son plus jeune âge, Vola était convaincue que le travail serait le seul moyen d’atteindre ce but. Elle a donc travaillé si dur pour réussir ses études. Toutefois, elle a dû abandonner au cours de sa deuxième année d’université en informatique pour manque de fonds et d’argent. Fort heureusement, elle a été recrutée en tant que technicienne polyvalente au sein d’une pharmacie à Fianarantsoa. Après 14 ans de service, suite à un problème technique, cette entreprise a dû renvoyer une centaine de personnel, y compris Vola.

Cette situation était une grande déception pour Vola et elle s’est sentie discriminée pendant la recherche d’un nouvel emploi. De nombreuses entreprises répondaient à sa candidature mais hésitait à l’engager lorsqu’elles voyaientt venir une femme avec des béquilles durant les entretiens. «Je suis sûr que j’ai l’expérience requise, mais les gens sont encore réticents à travailler avec des personnes handicapées », raconte-t-elle. Ainsi, Vola a été au chômage pendant plusieurs mois avant de trouver une formation en coupe et couture pour les personnes à mobilité réduite auprès du ministère de la population, de la protection sociale et de la promotion de la femme (MPPSPF). Ce fut la porte qui a emmené Vola dans le monde de la confection des serviettes hygiéniques lavables. En effet, elle s’est démarquée des autres apprentis par la qualité de son travail et son sens de leadership lors de sa formation. Les formateurs ont également remarqué ses qualités et compétences.  De ce fait, elle a été recommandée par le MPPSPF pour suivre une formation de couture des serviettes hygiéniques lavables dispensée par le projet RANO WASH, financé par l’USAID.

Un bon marketeur et créateur d’emploi                           

Pour assurer la vente de ses produits, Vola à conçu une bonne stratégie commerciale et marketing en ciblant des personnes malades, à l’hôpital et à mobilité réduite. Cela n’empêche pas les autres d’en consommer également.  

Elle propose plusieurs gammes de produits comme par exemple des couches pour adultes, pour enfant et pour bébé, plusieurs types de serviettes hygiéniques lavables et depuis l’ère du coronavirus, Vola coud également des masques lavables (cache bouche). Un article coûte entre 3 000 à 6 000 Ariary. Elle vendait une centaine de produits par mois au début de sa carrière jusqu’à une moyenne de 600 pièces par article à nos jours. 

La promotion de ces produits s’avérait efficace dû à son intégration dans  l’Association des Femmes Handicapées à Madagascar (AFHAM). Elle en est la présidente sur Ambositra, où elle réside. Elle partage régulièrement ses expériences dans cette association qui est répartie sur 19 sites. Plusieurs de ces femmes sont engagées afin de confectionner des produits pour honorer les commandes. Ces produits sont alors envoyés dans chaque site pour que d’autres femmes à mobilité réduite puissent les revendre et en tirer des bénéfices.

Leader inspirante 

Grâce à ses ambitions et à ses compétences, elle est devenue couturière professionnelle. Le projet RANO WASH de l’USAID l’a recruté comme formatrice et certaines organisations font ponctuellement appel à elle pour partager ses expériences. La vie de Vola est unique avec tous ses succès et ses difficultés, mais énorme est le courage qu’elle a eu pour tout affronter.  Elle est reconnue comme une femme leader et autonome à la fois. C’est pour cela que le 7 mars dernier, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, elle a été sélectionnée pour témoigner de son histoire devant la première dame de Madagascar et a ainsi pu toucher des milliers de personnes.

Vola tire profit de la confection des serviettes hygiéniques et des couches lavables. Son revenu actuel est deux fois plus élevé que son salaire précédent. Elle peut subvenir aux besoins quotidiens de sa famille et inscrit son fils dans un collège privé. “Ma maman est ma plus grande fierté” déclare son fils. Tout cela a changé la vie de Vola et le comportement de la société à son égard. Elle est plus écoutée et plus considérée qu’avant. Plus important encore, elle a pu collecter des fonds pour démarrer une petite entreprise fabricante de savons. L’idée consiste à offrir plus de services WASH à sa clientèle. Elle vend désormais des savons pour laver les serviettes hygiéniques et les couches mais également pour des soins de beauté. Elle est en quête d’un renforcement de capacité pour monter formellement son entreprise de confection et de saponification. « Je suis autonome maintenant mais je ne suis toujours pas satisfaite et je cherche toujours à développer mon business »…