Père de quatre enfants, Rakotoarisoa Jean Clarel dit Rasta a 45 ans. Il est mécanicien de formation, mais son dynamisme et sa polyvalence l’ont fait attérir dans la construction des latrines. Sur ce sujet, il a déjà travaillé avec diverses organisations. Après, ses compétences ont été renforcées dans le cadre d’une formation dispensée par le projet RANO WASH, financé par l’USAID. Actuellement devenu formateur des maçons locaux, il assure en même temps plusieurs offres à l’exemple du bloc sanitaire dans le CEG  et EPP Andonabe, région Fitovinany où il réside.   

Touche inclusive  

Rasta sait combiner ses acquis à son côté innovant. Au début de cette année, l’AFD à travers le projet EAH ACCESS lui a confié la construction d’un bloc sanitaire au CEG et à l’EPP Andonabe. Ainsi, Rasta a édifié une infrastructure inclusive et ergonomique en faisant attention aux besoins de tous les utilisateurs et utilisatrices, en particulier les personnes à mobilité réduite. Cinq élèves en situation de handicap dont quatre filles et un garçon fréquentent l’EPP et le CEG Andonabe. Rasta a déjà aperçu ces élèves durant la visite des locaux. D’où l’idée d’adapter l’infrastructure à tout le monde. 

Le bloc sanitaire comprend deux compartiments dont pour les filles et pour les garçons. Chaque box comporte des toilettes avec 2 chaises anglaises et deux latrines avec dalle sanplat, une douche et un lave main avec trois robinets. Dès l’entrée, une bande de guidage tactile aide les personnes ayant une déficience visuelle dans les toilettes, dans les douches et au coin de lavage des mains. Par ailleurs, il y a une rampe avec une pente légèrement inclinée à la place des escaliers. Cela facilite l’accès aux personnes à mobilité réduite telles en fauteuil roulant ou avec des béquilles. Une fois à l’intérieur, il y a des barres de soutien pour aider les personnes handicapées à faire leurs besoins de manière autonome et confortable. En l’espace de 60 jours, Rasta a mobilisé son équipe pour terminer en bonne et dû forme la construction. 

“Je suis content de créer du travail pour les autres ainsi que de voir que ces élèves à mobilité réduite peuvent utiliser ce bloc sanitaire aisément” relate Rasta.

Un vrai métier

Rasta a exercé le métier de maçon depuis 2020. Il essaie de varier ses offres et ses tarifs de fabrication de latrines en fonction de la préférence et du moyen des clients. Par exemple,une latrine à fosse simple est à 67 000 Ariary, celle avec siphon est à 75 250 Ariary alors que la latrine ecosan est à 105 000 Ariary. Rasta croit que ces tarifs correspondent au pouvoir d’achat des habitants de sa région et lui permettent d’en tirer profit. De plus, il lui arrive de proposer une facilité de paiement. Un exemple en est l’échange de service de fabrication de latrine contre des produits locaux. Ainsi, il construit gratuitement une latrine à ceux qui trouvent deux clients ou plus pour lui. Avec environ 5 latrines construites par mois, Rasta est satisfait de l’argent qu’il gagne. “Une de mes plus grandes joies dans ce métier est d’avoir pu financer les études de tous mes enfants jusqu’à l’obtention de leurs baccalauréats. Maintenant, mes trois fils suivent encore des études universitaires dans les grandes villes.”a-t-il ajouté. 

Rasta est fier de participer au défi zéro défécation à l’air libre à travers la construction des latrines.  Actuellement, Rasta reçoit jusqu’à dix commandes par mois qui est largement supérieure à sa capacité de production. Il est tant sollicité par des particuliers que par des entreprises et aimerait recruter et former un personnel fixe. Sur ce, il ambitionne de monter  formellement son entreprise.